Comprendre et surmonter les biais cognitifs
Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux que notre cerveau utilise pour prendre des décisions rapidement.
Ces biais, mis en évidence par le psychologue Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel en 2002, et son collègue Amos Tversky, sont utiles dans des situations d'urgence où nous devons réagir sans perdre de temps. Cependant, dans des situations plus complexes, ces raccourcis peuvent nous induire en erreur.
Notre cerveau préfère souvent le chemin le plus simple pour économiser de l'énersgie mentale. En conséquence, nous sommes influencés par des éléments qui faussent notre raisonnement, parfois à notre insu.
Ces influences, que nous appelons biais cognitifs, peuvent être particulièrement insidieuses lorsque nous pensons prendre des décisions rationnelles.
Exemples de biais cognitifs : conformisme et confirmation
Il existe plus de 200 biais cognitifs répertoriés. Voici deux exemples parmi les plus courants :
- Le biais de conformisme : Nous avons tendance à nous aligner sur l'opinion de la majorité, même si cela va à l'encontre de notre propre jugement. Ce biais peut influencer nos décisions dans des contextes sociaux ou professionnels, où la pression de groupe nous pousse à adopter des comportements conformistes.
- Le biais de confirmation : Nous cherchons inconsciemment des informations qui confirment nos croyances préexistantes, tout en ignorant celles qui pourraient les contredire.
Et à la fin, vous êtes convaincu d’avoir décidé sur la base de faits objectifs sans réaliser que vous avez trié ces éléments. Admettons que vous recherchiez un nouveau manteau chaud. Vous rentrez dans un magasin et repérez un modèle qui vous plaît. Il se trouve qu’il est cher, alors vous prenez votre temps, vous le regardez attentivement.
Votre idée préalable étant d’acheter ce manteau qui vous tente, votre attention va être retenue par toutes les informations positives : sa composition en laine chaude, son col montant… et vous zappez le fait que les boutons espacés laissent passer le froid ou encore qu’il est fabriqué en Chine alors que vous vous vouliez acheter local.
Ainsi les éléments sur lesquels vous portez inconsciemment votre attention vont vous conforter dans votre idée initiale et vous aurez le sentiment d’avoir pris une décision mûrement réfléchie.
Les algorithmes renforcent nos biais cognitifs
Nous faisons exactement la même chose lorsque nous lisons la presse ou consultons les réseaux sociaux : inconsciemment, nous recherchons les événements et analyses qui viennent conforter nos opinions.
Les algorithmes nous enferment encore davantage dans notre vision du monde en nous proposant des sujets ou des contacts qui sont en correspondances avec nos croyances, nos opinions. Les géants du web parviennent ainsi à piloter nos émotions, nos opinions et nos comportements.
Ainsi, les algorithmes des réseaux sociaux et des moteurs de recherche, nous enferment dans des bulles de filtres. Ils nous montrent des contenus qui confirment nos opinions préexistantes, ce qui limite notre ouverture à des perspectives nouvelles ou divergentes.
Les géants du web, en exploitant nos biais de confirmation, influencent ainsi non seulement nos émotions, mais aussi nos opinions et nos comportements.
Se reconnecter à son corps pour déjouer les biais cognitifs
Face à ces biais cognitifs qui déforment notre perception, il est crucial de se reconnecter à notre corps et à nos sensations pour déjouer notre mental enfermant.
L'intuition, qui provient souvent de notre corps avant d'atteindre notre conscience, peut nous aider à prendre des décisions plus éclairées.
Lorsque nous sommes coupés de nos sensations corporelles, nous risquons de nous laisser dominer par notre mental et de prendre des décisions biaisées.
Les sensations sont des informations précieuses que nous recevons à travers nos cinq sens :
- Vue : perception des couleurs, formes, volumes, mouvements.
- Ouïe : perception des sons, mélodies, bruits, silence.
- Odorat : respiration des parfums, des odeurs, des exhalaisons.
- Goût : perception des saveurs, qu'elles soient agréables ou non.
- Toucher : sensation de douceur, de rugosité, de chaleur ou de froid, de pression ou de relâchement.
En portant attention à ces sensations, nous pouvons mieux percevoir ce qui est juste pour nous.
Par exemple, vous est-il déjà arrivé de sentir que quelque chose ne vous convenait pas, mais de passer outre pour des raisons logiques, pour finalement le regretter ?
D'où l'importance d’être en présence de nos sensations et d’être aussi en ouverture de cœur.
Le rôle du yoga et de la pleine conscience
Dans l'enseignement du yoga et lors des séances d'accompagnement thérapeutique, j'invite les personnes à explorer leurs sensations et à se reconnecter à leur intuition.
Le yoga, combiné à la pleine conscience, permet de calmer le mental et de développer une écoute plus fine du corps. En travaillant sur les postures, la respiration, et la méditation, on apprend à identifier les signaux corporels qui précèdent nos décisions et à agir en cohérence avec eux.
Lorsque nous prenons conscience de nos biais cognitifs et que nous réintégrons notre corps dans le processus décisionnel, nous sommes mieux armés pour sortir de nos conditionnements et retrouver une plus grande authenticité dans nos choix.
Cela passe par une vigilance accrue à l'égard de nos sensations, et une ouverture de cœur à ce qui est véritablement important pour nous.
Conclusion : Libérez-vous de vos conditionnements
Les biais cognitifs sont inévitables, mais en prenant le temps de se reconnecter à son corps et à ses sensations, il est possible de réduire leur influence sur nos décisions.
Le yoga et la pleine conscience offrent des outils puissants pour retrouver cet équilibre et mieux comprendre les mécanismes qui nous influencent. En cultivant cette attention à nos sensations et en restant ouvert à notre intuition, nous pouvons faire des choix plus alignés avec notre véritable nature.